Entrevue d'une délégation de la FGIL avec Madame la ministre Mady Delvaux

26. Octobre 2004

la délégation la FGIL avec Madame la ministre Mady Delvaux-Stehres:
de droite à gauche: Gilbert Hopp, Nadine Anen, Pit Clees, EdKirsch, Nico Weyland, Mme Delvaux-Stehres, Patrick Arendt




Les préoccupations des instituteurs de la FGIL exposées à Madame Mady Delvaux-Stehres



A l'occasion d'une entrevue qui s'est déroulée en date du 26 octobre 2004 au Ministère de l'Education Nationale, les responsables de la FGIL ont eu l'occasion d'exposer à la nouvelle Ministre de l'Education Nationale et à ses principaux collaborateurs du département primaire/préscolaire les préoccupations de la FGIL dans plusieurs domaines de l'enseignement public, préoccupations marquées essentiellement par la volonté affichée de faire sortir l'école luxembourgeoise du carcan de déficits, de pénuries et d'immobilismes qui la caractérisent et l'accablent depuis trop longtemps.

Formation des instituteurs



Actuellement la formation des instituteurs luxembourgeois reste avec celle en vigueur en Belgique la moins longue de tous les pays de l'OECD. Cette situation n’est guère propice à la qualité de l'enseignement ni à une recherche sérieuse en matière pédagogique pourtant indispensable, ne serait-ce qu'au vu des piètres résultats de nos élèves sur l'échelle internationale. Le temps des demi-mesures doit être définitivement révolu et la FGIL exige de façon claire et nette une formation universitaire complète de type " master " (300 ECTS) pour l'instituteur préscolaire, primaire et préparatoire.
Les pays tels la Finlande et ses voisins scandinaves, excellents dans les résultats relatifs à l'enquête PISA, nous montrent définitivement le chemin à prendre en matière de formation des instituteurs. Les jalousies et les querelles bassement corporatistes si typiques de la situation dans la Fonction Publique luxembourgeoise ne doivent plus barrer la route au renouveau de la formation des instituteurs et au nécessaire essor de l'école.

Ecole-pilote "Ganztagesschule" (journée scolaire continue)



Prévue dans la déclaration gouvernementale, il s'agit là, en principe, d'une initiative positive pour laquelle il existe une vraie nécessité au sein de l'école publique. N'oublions pas que les écoles privées, massivement financées depuis 2003 par les deniers publics, l'offrent depuis belle lurette et l'utilisent pour attirer leur clientèle.
La FGIL exige autour de cette école bien évidemment un encadrement de qualité et surtout une extension de ce projet aux écoles communales. Encore faudra-t-il veiller à ce que ces nouveaux services d'encadrement et d'appui restent publics afin d'éviter que des organisations conventionnées, le plus souvent à connotation idéologique, ne fassent leur entrée dans les écoles publiques.

Projet "cours sur les valeurs"



Egalement prévue dans la déclaration gouvernementale, cette initiative, limitée pour l'instant à l'école-pilote, paraît intéressante à plus d'un égard.
Devant la pluralité grandissante des cultures, confessions et horizons philosophiques présents au sein de nos établissements scolaires, il serait néfaste de recourir à un réflexe ségrégationniste mettant en péril la cohésion de l'école et de la société. A la FGIL, nous ne pourrions en effet cautionner un système où, deux fois par semaine, les élèves seraient séparés en groupes et groupuscules à part et où les uns rejoindraient le catéchète, les autres le rabbin, le mollah ou les enseignants d'autres confessions reconnues ou non.

Il serait donc judicieux et raisonnable d'orienter la discussion vers la mise en place d' un cours commun sur les valeurs - tel qu'il existe par exemple en Allemagne (Brandenbourg) - cours assuré par des enseignants qualifiés de l'enseignement public. Le phénomène religieux ainsi que les grands courants philosophiques y auraient leur place, mais l'accent serait mis sur les valeurs citoyennes communes et sur les Droits de l'Homme universellement reconnus.
La FGIL a par ailleurs demandé qu'elle soit représentée au sein du groupe de travail ad hoc à créer sous la tutelle conjointe des Ministères d'Etat et de l'Education Nationale.

Protection juridique de l'enseignant



Signe des temps et de la dégradation malheureuse des rapports sociaux, les enseignants sont de plus en plus souvent victimes de calomnies et menaces voire de violences. La FGIL demande que les autorités publiques et le Ministère en premier lieu fassent tout pour rétablir l'autorité de l'école - à ne pas confondre avec une école autoritaire - et pour assurer que les enseignants concernés jouissent dans tous ces cas de la protection juridique la plus complète de la part de l' Etat-patron. Un enseignant maniable à volonté, malmené et tiraillé entre les intérêts particuliers le plus souvent divergents, ne sera certainement pas en mesure de collaborer efficacement à la vaste œuvre de reconstruction de notre école.

Devoirs à domicile



Il existe actuellement une certaine confusion au niveau de l'autorisation ou non d'octroyer des devoirs à domicile, surtout pour ce qui concerne les classes des degrés inférieur et moyen. Si d'une part des devoirs à domicile peu adaptés peuvent élargir le fossé des inégalités scolaires, il existe de l'autre côté des matières et des compétences pour lesquelles des exercices de répétition sont indispensables.
Il est évident que pour le moment les instructions ministérielles en vigueur sont
les seules applicables, mais il n'en est pas moins certain que la prochaine lettre ministérielle de printemps apportera d'importantes précisions et modifications.

Education sportive à l'école primaire



Ces derniers jours, l'école primaire et ses enseignants ont été la cible d'assertions aussi ridicules que carrément fausses tendant à établir un lien entre l'obésité croissante d'une vaste proportion de la population, y compris les jeunes, et la qualité des enseignements sportifs à l'école, bien entendu primaire.

La FGIL réfute ces reproches irréfléchis et les renvoie à leurs auteurs qui dans leurs respectives missions font bien souvent montre de moins d'enthousiasme que cette multitude d'instituteurs qui au sein de leurs classes comme de la LASEP assument une éducation sportive même là où les installations adéquates font défaut ou sont réservées à d'autres fins.

Il va de soi que pour les cours d'EPS comme pour les autres branches, la FGIL exige le recrutement en nombre suffisant d'instituteurs qualifiés.
Les responsables de la FGIL ont toutefois profité du contexte pour rappeler que tous les cours scolaires sont à considérer comme cours obligatoires et que cela vaut aussi bien pour les filles que pour les garçons, y compris pour les cours de natation où ces derniers mois une dérive motivée par des convictions confessionnelles a malheureusement dû être constatée dans plusieurs écoles du pays.

Les discussions sur les différents points se sont déroulées dans un climat de franchise et de volonté de faire avancer les choses dans l'intérêt bien compris de tous les partenaires de l'école.

Madame la Ministre était entourée de ses collaborateurs, MM. André Wilmes, Francis Jeitz, Othon Neuens, Pierre Reding et Robert Brachmond.

La FGIL était représentée par Ed Kirsch, président, Nico Weyland, secrétaire ainsi que par Nadine Anen, Patrick Arendt, Pit Clees et Gilbert Hopp, membres du comité.