L'école publique et le voile islamique
18. Octobre 2003Lettre ouverte aux honorables Députés luxembourgeois :
L’école publique et le voile islamique
Ainsi donc, notre Ministère de l’Education Nationale a tranché :
Le port du voile islamique – pour autant qu’il ne cache pas la face et qu’il soit enlevé pendant certains cours pour des raisons de sécurité ou d’hygiène ( sports, ateliers ) - serait toléré dans les écoles publiques parce que conforme aux règles de la tenue vestimentaire correcte des élèves.
On est tout d’abord étonné voire incrédule de constater qu’une problématique très complexe et qui chez tous nos voisins suscite des prises de position fondamentales et controverses, est chez nous réduite à une simple question de tenue vestimentaire réglable à la va-vite.
Pourquoi nos voisins, que leur Constitution soit basée sur la séparation entre l’Eglise et l’Etat ( France ) ou non ( Allemagne, Belgique), se compliquent-ils tant la vie si chez nous le problème du foulard à l'école peut être résolu d'une façon aussi simpliste ?
C’est parce que dans ces pays et dans leurs différentes familles politiques il existe des hommes et des femmes à l'esprit critique, de vrais citoyens
- qui croient fermement en une école publique, lieu d’ émancipation et de liberté où doit régner la primauté des sciences sur les croyances ;
- qui refusent l’ exhibition dans les écoles de tous signes religieux ou idéologiques ostentatoires, contraires au caractère de neutralité et de tolérance qui doit marquer l’ école publique, école de tous ;
- qui ont compris que le port du voile islamique, bien au-delà de la simple manifestation d’une appartenance culturelle ou confessionnelle, devient chaque jour davantage une manifestation d’aliénation et de soumission de la femme voire de sa mise sous tutelle ;
- qui se rendent compte du désarroi dans lequel la politique permissive de ces dernières années a jeté enseignants et directions d'écoles, confrontés aux exigences grandissantes de mouvements religieux fondamentalistes ;
- qui se sont décidés à arrêter la politique de reculs progressifs et de maladroites tergiversations qui mèneront tout droit à l’école de la désintégration progressive de la société.
Au Luxembourg aussi il convient dès à présent d’avertir les autorités que les revendications des fondamentalistes religieux ne vont pas se contenter de cette première « victoire » qui en fait est un grave échec pour tous les mouvements d’émancipation des femmes, y compris ces nombreuses femmes musulmanes qui, quoique soumises à d’énormes pressions, refusent le port du voile et qui avaient espéré, malheureusement en vain, que nos écoles oseraient dire non.
Car après la question du foulard à l’école ce sera le tour au hydjab et après à la burqa, ce seront les questions de la mixité des classes, de l’obligation pour les filles de suivre l’ensemble des cours de biologie, du choix du sexe de l’enseignant, de l’examinateur ou encore du médecin, de piscines et de gymnases pour femmes qui vont se poser avec la plus grande acuité et dès lors nos responsables ne pourront plus se réfugier derrière des réponses superficielles basées sur la seule tenue vestimentaire.
Face au danger réel de telles dérives, les organisations sous-mentionnées appellent toutes les forces politiques et démocratiques du pays à ne pas céder à l’intolérance.
La tolérance n’est ni laxisme, ni abdication devant l’intolérance!
Fédération Générale des Instituteurs Luxembourgeois
Liberté de conscience
Libre Pensée
Ligue Luxembourgeoise de l’Enseignement
Mouvement luxembourgeois pour le Planning Familial et l’Education Sexuelle
octobre 2003