Avis de la FGIL et du SEW/OGB-L sur le document 'Les orientations pour la formation des instituteurs et des institutrices'
02. Avril 2005La FGIL et le SEW/OGB-L estiment que nous sommes à un moment crucial pour le développement du système scolaire luxembourgeois et qu’un nouveau cadre tracé par une nouvelle loi scolaire aura besoin de nouveaux professionnels de l’enseignement et de l’éducation pour aboutir aux réformes nécessaires.
Le document élaboré par le MENFP destiné à servir de cadre de référence pour une nouvelle formation des instituteurs et institutrices à l’Université du Luxembourg ne tient pas compte des autres professionnels qui interviennent dans nos écoles et du fait que le profil de tous ces professionnels devra répondre à leurs missions probablement beaucoup plus étendues à l’avenir. L’instituteur ou l’institutrice qui s’adresse à des élèves âgés de 3 à 15 ans et qui peut être titulaire de classe, enseigner une ou plusieurs disciplines, participer à la gestion de l’école ou à l’élaboration de curricula ou de matériel didactique sera en tout cas confronté à des situations très diverses dans le cours de sa carrière. Mais quelle que soit sa tâche, il ne pourra l’accomplir valablement que s’il est conscient de la complexité du système scolaire luxembourgeois avec son multilinguisme et s’il sait analyser les besoins souvent très diversifiés de ses élèves face aux exigences de l’école. Sa formation initiale doit donc le rendre capable de rechercher de façon autonome des solutions aux problèmes didactiques et relationnels qui se posent dans son enseignement, mais il doit avant tout être capable de partager ces réflexions de façon professionnelle et à titre égal au sein d’une équipe multidisciplinaire, et d’oeuvrer ensemble avec d’autres professionnels pour planifier au mieux les apprentissages des filles et garçons en veillant aussi à ne pas créer ni éduquer de nouveau stéréotypes.
Dans ce contexte, la FGIL et le SEW/OGB L exigent également que la formation universitaire des éducatrices et éducateurs gradués, prévue dans la loi portant création de l’Université du Luxembourg et dispensée à la même faculté des « sciences de l’éducation », soit prise en compte d’emblée lors de la discussion de l’orientation de la formation de l’instituteur.
La formation universitaire de l’éducateur gradué, axée sur le développement de l’enfant, devrait être étalée et spécialisée d'après les memes réflexions, et ce en étroite liaison avec la formation universitaire des instituteurs. De plus en plus ces professionnels de l'éducation et de l’enseignement seront appelés à travailler en étroite collaboration. Ils seront amenés à confronter leurs points de vue complémentaires pour trouver ensemble des solutions aux problèmes d’apprentissage ou de comportement des enfants en difficulté. Il serait donc utile que leurs specialisations professionnelles respectives reposent sur une
solide base théorique commune.
La complexité de sa tâche ne permet pas au futur instituteur ou institutrice de tout apprendre au cours de sa formation initiale. Le plus important est d’acquérir une position de réflexion et de recherche face aux difficultés d’apprentissage des élèves. Le SEW/OGB L et la FGIL sont d’avis qu’une connaissance approfondie des sciences de l’éducation reliée à des stages d’observation et d’application dans les écoles constitue une base indispensable pour développer une éthique professionnelle et une posture réflexive. Au vu de l’étendue du champ d’action et de la diversité des tâches, il ne sera probablement pas possible d’approfondir les réflexions didactiques et méthodologiques concernant toute la panoplie des disciplines et des situations d’apprentissage. La FGIL et le SEW/OGB L proposent donc que chaque étudiant ou étudiante choisisse deux ou trois options dans lesquelles il ou elle pourrait se spécialiser. Cette spécialisation ne devrait cependant pas signifier qu’il ne devienne plus capable d'enseigner différentes disciplines dans différentes classes. Nous estimons seulement qu’une réflexion approfondie sur un nombre limité de situations d'apprentissage soit plus utile que l’assimilation d’une multitude de notions didactiques et méthodologiques superficielles. Nous estimons également que le travail en équipe profiterait certainement de la présence d’enseignants ayant des spécialisations diverses.
Nous estimons par ailleurs que la formation initiale devrait initier les futurs institutrices et instituteurs à la recherche, afin qu’ils et elles soient capables de participer à des projets de recherche au cours de leur carrière et notamment dans le cadre de leur formation continue. Par ailleurs la formation continue devrait leur permettre soit d’approfondir une spécialisation commencée lors de la formation initiale, soit de découvrir de nouveaux domaines pour commencer une spécialisation.
Pour ouvrir ces perspectives, nous estimons que la formation initiale devrait déboucher sur un master en sciences de l'éducation avec une professionnalisation pour les apprentissages visés par la scolarité obligatoire.